La guerre sanitaire sans précédant imposée à toute la planète par un ennemi invisible nommé “Coronavirus” bloquant presque toutes les activités humaines habituelles, amène les scientifiques, les experts dans divers domaines, les dirigeants, les états, les observateurs et même de simples citoyens à la médiation, à la réflexion, surtout à la recherche d’éventuelles solutions et remèdes sur les insuffisances actuelles du monde .
Depuis les Nazis d’Hitler, lors de la Seconde Guerre mondiale avec son lourd bilan humain de plus de 60 millions de personnes tuées, (2,5 % de la population mondiale à l’époque) et ses dégâts matériels et financiers estimés à des milliers de milliards de Dollars symbolisés par la destruction totale ou en partie des villes comme Berlin, Varsovie, Hiroshima, Nagasaki, Tokyo, Manille, Hambourg, Stalingrad, Léningrad, Sébastopol, Kiev, Kharkov, Budapest. Londres, Rotterdam, Brest, Épinal, Le Havre, Lorient, Saint-Nazaire, Évreux, Saint-Malo, Rouen et d’autres, jamais le monde n’a été confronté à une épreuve aussi meurtrière, à un ennemi commun aussi destructeur que le maudit et impitoyable virus surgit de Chine pour se répandre comme dans la nature et s’attaquant facilement et rapidement, sans aucune distinction, à n’importe qui.
En Guinée, cette situation devrait ou pourrait nous inspirer sur la crise aigüe de nos infrastructures sanitaires sinon sur le manque de Politique ou de vision des dirigeants de ce pays durant les décennies qui ont suivi l’indépendance proclamée le 02 Octobre 1958.
En effet, si le colon français, en 60 ans de règne et avant de quitter la Guinée pour rejoindre la Métropole a légué Conakry d’un Hôpital construit vers 1900 baptisé « Ballay » au nom du tout premier Gouverneur de la Guinée Française en 1890, Dr Noël Eugène Ballay, second Gouverneur Général de l’Afrique Occidentale Française (AOF);
Si la Première République, a rebaptisé, en août 1968, l’hôpital hérité du Colon Français, du nom d’un célèbre médecin d’origine Béninoise Dr Ignace Deen et construit, en 1959 en Coopération avec l’ancienne Union des Républiques Socialistes Soviétiques ( URSS), le plus grand Hôpital à ce jour de la Guinée, le Centre Hospitalier Universitaire de Donka, ainsi que des hôpitaux régionaux dans les régions administratives de l’époque:
Il est vrai que le régime militaire du CMRN issu du Coup d’état du 03 avril 1984, avec un financement du Fonds Arabe a réalisé les travaux de finition du bloc en construction inachevé et repeint les autres bâtiments du CHU Donka.
Il est également vrai, qu’entre 1986 et 1988, un projet européen coordonné par l’ Université de Liège a rééquipé et remis en état l’hôpital Ignace Deen avec un laboratoire de référence;
Il est enfin vrai que le Gouvernement actuel a entamé, en 2015, les travaux de rénovation et d’extension de l’hôpital Donka qui pourrait augmenter sa capacité d’accueil de 500 à 684 lits d’hospitalisation;
Il est très appréciable que des privés Guinéens multiplient des efforts au niveau des Cliniques de proximité ;
Mais, l’alarmant et dramatique constat aujourd’hui est que nos capacités hospitalières, sans aucun préjugé sur la qualité des soins administrés ou de celle de l’accueil, sont largement en deçà des immenses besoins du pays.
À ce titre, les actions citées pour utiles qu’elles soient sont absolument insuffisantes et insatisfaites et n’honorent pas forcément les differents régimes qui se sont succédé à la tête de la Guinée.
Sans doute que les différents dirigeants de ce pays, généralement abonnés dans les hôpitaux européens, américains, asiatiques, marocains, tunisiens, sénégalais où ils ont pris l’habitude de se rendre même pour des maux de tête, n’ont pas accordé à la Santé toute la priorité qu’elle mérite dans les pays où ils se soignent.
Cependant, dans la sous région, des pays moins favorisés par la nature ont réalisé d’énormes progrès dans le renforcement de leur système de Santé publique. Comme le Niger ou 2 hôpitaux généraux de référence ultra moderne ont été construits à Niamey, (inauguré en août 2016, bâti sur une surface de 16 hectares avec une capacité de 500 lits) et à Maradi, la capitale économique (encore plus moderne et mieux équipé, le plus grand de la sous region avec 550 lits, egalement inauguré par le Président Issoufou du Niger en 2018) et un 3ème, avec 500 lits, est en chantier avancé dans la ville de Tahoua à 550 km au Nord-est de Niamey.
Si le même souci et le même sérieux à la mesure de l’enjeu sanitaire des populations, si la même vision futuriste avaient inspiré nos dirigeants dans la définition de la Politique de Santé comme ce fût ou c’est le cas dans ces pays de soins privilégiés pour eux, la Guinée aurait pu se doter de 5 Hôpitaux modernes, propres à Conakry, un au moins dans chacune de ses 4 régions naturelles que sont Kindia, Labe, Kankan, N’Zerekoré où pouvaient se déplacer les personnes en souffrance habitant les préfectures voisines relevant de ces capitales régionales.
Alors que notre hôpital Sino – Guinéen, don chinois et pourtant très récent, ne semble pas être la préoccupation des autorités Guinéennes, les hôpitaux préfectoraux sont dans des états piteux sinon comateux, l’ancien hôpital moderne Pechiney de Fria, qui jadis recevait même des étrangers, se dégrade et sombre dans l’abîme.
Aujourd’hui, l’économie mondiale est à l’arrêt, les usines et entreprises fermées, les appareils des compagnies aériennes cloués au sol, les portes et fenêtres des Mosquées et Églises closes, les hôpitaux européens et américains débordés, dans l’incapacité de recevoir des patients venant d’autres pays notamment de la Guinée et d’Afrique.
Aucun dirigeant Africain n’a pensé se retrouver un jour dans un scénario compliqué où il serait dans l’impossibilité totale d’être évacué même dans l’urgence absolue.
Pour une fois, le Guinéen anonyme et le Chef sont égaux face à la maladie, admis, traités dans les mêmes établissements, contraints ou confrontés aux conséquences de la vétusté des rares infrastructures hospitalières dont ils se sont pas ou peu préoccupés.
Que cette crise serve d’enseignements pour tous les Guinéens et inspire les dirigeants d’aujourd’hui et de demain à se pencher sur une véritable Politique de Santé qui dotera le pays des infrastructures hospitalières soustrayant, à l’avenir, le citoyen du calvaire d’aller se faire soigner sous d’autres cieux.
Par Abdoulaye Condé, Conseiller principal chez GBM
(Groupe Business Marketing)