Sénégal: Les tensions ont déjà fait 15 morts depuis jeudi

Dakar, la capitale sénégalaise, est plongée dans un climat de tension et de violence depuis la condamnation de l’opposant politique Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme. Les affrontements ont fait six nouvelles victimes samedi, portant le bilan à 15 morts depuis jeudi, selon le porte-parole du ministre de l’Intérieur.

Des heurts ont éclaté vendredi soir entre de petits groupes de jeunes manifestants et les forces de l’ordre à Dakar, dans la banlieue de la capitale et dans le sud du pays. Aucun incident majeur n’a été signalé par le ministère de l’Intérieur samedi après-midi, mais de nombreux biens publics et privés ont été saccagés, notamment des banques et des magasins Auchan dans la banlieue de Dakar.

La situation est préoccupante, avec des pneus brûlés et des cailloux jonchant les rues de plusieurs quartiers samedi matin. Les réseaux sociaux tels que Facebook, WhatsApp et Twitter ont été coupés par le gouvernement, qui justifie cette mesure comme une tentative de mettre fin à la diffusion de messages haineux et subversifs. Les forces de sécurité, dont l’armée, sont déployées autour de points stratégiques et de nombreux policiers et gendarmes sont présents dans la capitale.

La condamnation d’Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de 2024, l’empêche actuellement de se présenter. Les Sénégalais craignent son arrestation imminente, tandis que Sonko affirme être “séquestré” dans sa résidence de Dakar par les forces de sécurité qui empêchent toute approche.

Le parti d’Ousmane Sonko, le Pastef, a appelé à intensifier la résistance et à demander le départ du président Macky Sall, accusant son régime de dérives sanglantes et dictatoriales. Le ministre de la Justice a prévenu que Sonko pourrait être arrêté à tout moment.

Les autorités qualifient les événements depuis jeudi de “vandalisme” et de “banditisme” plutôt que de manifestation populaire avec des revendications politiques. Elles affirment que des casseurs ont été recrutés pour entretenir une tension artificielle, mais estiment que le temps joue en faveur du rétablissement de l’ordre public.

Dans ce contexte, les stations-service ouvertes à Dakar sont prises d’assaut par les habitants craignant une pénurie d’essence. La ville, habituellement animée, est désormais vidée et de nombreux commerces ont fermé leurs portes.

Vendredi, la communauté internationale, des représentants d’associations et des personnalités, dont la star du football Sadio Mané, ont appelé à la retenue et à la cessation des violences. Le Sénégal, réputé pour être un rare îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, est confronté à une crise politique majeure, mettant en péril la stabilité du pays à l’approche de l’élection présidentielle de 2024. Les appels à la désescalade se multiplient, tant au niveau national qu’international, dans l’espoir de trouver une solution pacifique à la crise qui secoue le pays.

Le Sénégal a longtemps été considéré comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, avec des transitions politiques pacifiques et une stabilité relative. Cependant, les récentes tensions et violences remettent en question cette image et soulèvent des préoccupations quant à l’avenir politique du pays.

Le président Macky Sall, qui a été réélu en 2019 pour un deuxième mandat, est confronté à une opposition de plus en plus mécontente et mobilisée. Les partisans d’Ousmane Sonko, qui est l’un des principaux adversaires politiques de Sall, estiment que sa condamnation est politiquement motivée et visait à l’écarter de la course à la présidence.

La situation actuelle représente un défi majeur pour les autorités sénégalaises, qui doivent à la fois garantir la sécurité des citoyens et préserver les principes démocratiques du pays. La répression excessive des manifestations et les restrictions sur les réseaux sociaux soulèvent également des inquiétudes quant au respect des droits de l’homme et des libertés civiles.

Il est crucial que toutes les parties prenantes s’engagent dans un dialogue ouvert et constructif afin de trouver des solutions politiques pacifiques et durables. La communauté internationale, quant à elle, doit continuer à soutenir les efforts visant à apaiser les tensions et à promouvoir la stabilité au Sénégal.

Alors que la tension persiste dans le pays, l’avenir politique du Sénégal reste incertain. L’élection présidentielle de 2024 sera un moment clé pour déterminer la voie que prendra le pays et sa capacité à maintenir sa réputation de stabilité et de démocratie en Afrique de l’Ouest.

Par Sambegou Diallo

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