RAPPORT 2024 FONDATION MO IBRAHIM : La bonne gouvernance marque le pas en Afrique
La gouvernance sur le continent africain n’est pas en bonne santé. En dix ans, les progrès ont ralenti, et la situation s’est même dégradée entre 2014 et 2023. C’est ce que révèle le rapport 2024 de l’indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) publié ce mercredi 23 octobre : plus de 77 % de la population du continent vit dans un pays où la sécurité et la démocratie, deux dimensions cruciales à la bonne gouvernance, se sont détériorées entre 2014 et 2023.
En une décennie (2014-2023), la progression de la gouvernance globale en Afrique s’est dégradée : après quatre années de stagnation, les progrès globaux en termes de gouvernance ont connu un arrêt en 2022. Une détérioration largement due à l’insécurité croissante, avec une hausse des conflits, et au recul de l’État de droit avec un « rétrécissement de l’espace démocratique sur tout le continent » (– 1,6 point depuis 2014). Plus de 77 % de la population du continent vit dans un pays où ces deux dimensions cruciales sont moins bonnes en 2023 qu’en 2014.
Pour 21 pays (soit 47,9 % de la population), le niveau atteint en 2023 et pire que celui de 2014. « L’IIAG 2024 nous rappelle froidement la menace que l’aggravation de la crise sécuritaire et le rétrécissement de l’environnement participatif font peser sur les progrès du continent. L’escalade des conflits et la méfiance croissante à l’égard des institutions et des valeurs démocratiques ne sont pas le seul apanage de l’Afrique. Ils s’observent partout dans le monde. Mais cette situation est particulièrement préoccupante en Afrique, car elle remet en jeu les progrès accomplis en matière de développement économique et social et ceux qui restent à réaliser », a commenté Mo-Ibrahim.
Le Botswana, le Burkina Faso, l’Eswatini, la Guinée, la Maurice, le Mozambique, le Nigeria, l’Ouganda, le Sénégal (qui perd sa 9e place pour la 11e), et la Tunisie ainsi que le Soudan continuent leur tendance à la détérioration depuis dix ans, voire à l’aggravation depuis 2019. Plus préoccupantes encore sont les dégradations observées dans des pays pourtant classés dans le top 10, comme l’île Maurice (2e), le Botswana (5e) ou la Namibie (6e) par exemple, qui sont également parmi les pays dont la situation s’est le plus détériorée pour la période 2014-2023.
Le rapport révèle aussi un autre point crucial : le décalage important entre les données et la perception qu’en ont les citoyens. Les attentes des populations étant grandes, les déceptions sont importantes quand bien même certaines progressions sont relevées. Les Africains s’avèrent être de plus en plus critiques envers leurs gouvernants, nourris pour une « insatisfaction croissante ». C’est particulièrement le cas concernant la perception des opportunités économiques (– 12,4 points), en matière de sécurité et de sûreté (– 10,9 points) et en matière de protection sociale et de pauvreté vécue (– 9,4 points).
Néanmoins, cette tendance préoccupante tend à masquer les progrès notables réalisés dans les catégories développement humain (+ 2,9 points) et opportunités économiques (+ 2,8 points). Les évolutions les plus notables sont recensées dans les domaines de l’infrastructure et de l’égalité homme-femme. Dans ces domaines, environ 95 % des citoyens africains vivent dans un pays où le niveau atteint en 2023 est bien meilleur qu’en 2014.
Le bonnet d’âne pour la Guinée
La Guinée est classée 42è en Afrique, obtenant un score de 41,9 sur 100,0 en Gouvernance globale. « Le pays obtient un score inférieur à la moyenne continentale (49,3) et inférieur à la moyenne régionale en Afrique de l’Ouest (52,6) ». Un résultat peu flatteur, qui devrait fouetter la fierté et l’orgueil du pays.
Ce nouvel Indice, souligne la Fondation Ibrahim Mo, porte sur la décennie 2014-2023. Recueillies auprès de 49 sources indépendantes, les données de l’IIAG reposent pour chaque pays sur 322 variables regroupées en 96 indicateurs, eux-mêmes répartis en 16 sous-catégories et quatre catégories principales : Sécurité et État de Droit ; Participation, Droits et Inclusion ; Fondement des Opportunités Économiques ; et Développement Humain.
Source Le Point