Pillage des boutiques et du siège UFDG à Kankan : On veut ethniciser la lutte du FNDC
La ville de Kankan, située à l’est de la Guinée, est en proie à des violences exacerbées. Ce lundi 06 janvier 2020, une chasse aux militants de la principale formation politique de l’opposition a été ouverte par des “loubards” à la solde du pouvoir.
Ces violences interviennent au moment où le président de la République s’apprête à modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir après ses deux mandats constitutionnels.
L’opposition républicaine a créé un front pour l’en empêcher. Le FNDC (front national pour la défense de la Constitution) entend organiser des manifestations hebdomadaires illimitées pour contraindre le pouvoir d’Alpha Condé à respecter le principe de l’alternance démocratique en décembre 2020.
D’origine malinkée (principale ethnie de la Haute Guinée), le président Alpha Condé est soupçonné par ses opposants de manipuler des loubards dans ses fiefs et d’organiser une chasse à la courre contre les sympathisants et militants de l’opposition.
D’où les violences de ce 6 janvier 2020 pendant lesquelles des Peulhs ont été lynchés, leurs commerces pillés et leurs maisons mises à sac. Au moins une dizaine de personnes ont été blessées ; une quinzaine de boutiques et magasins appartenant à des commerçants peuls ont été pillés.
Les forces de l’ordre n’ont pas intervenu pour empêcher le pillage. Bien au contraire ! Et aucune enquête n’a été ouverte. Seule réaction positive, les sages de la ville -notamment le Soti Kemo- sont montés au créneau pour condamner ces exactions visant la communauté peule et flétrir la complaisance des autorités.
L’histoire se répète
Les déplorables événements de Kankan ont un air du déjà vu et du déjà vécu. En 2010, à l’approche du second tour de l’élection présidentielle, mettant face à face Alpha Condé (malinké, du Rpg) et Cellou Dalein Diallo (peul, Ufdg), la même type d’hécatombe et les mêmes types d’événements avaient endeuillé la communauté peule dans les villes voisines de Kouroussa et de Siguiri, bastions du Rpg.
De nombreux commerçants peuls avaient tout perdu: Des maisons, des commerces, des lopins de terre, etc. L’on se rappelle incessamment d’histoires pathétiques de Mamadou Bodhè, ce riche commerçant originaire de Dinguiraye, battu à mort puis découpé comme un poisson. Le cas de l’imam Boubacar Siddy Diallo, tué effroyablement avec son épouse et le benjamin de la famille est loin de s’estomper dans les mémoires. Seul rescapé de sa famille, son fils aîné qui n’était pas là: Thierno Mamadou Diallo. Ce jeune garçon sera retrouvé des mois plus tard à Conakry, du côté de la commune de Matoto, traumatisé et sans soutien, à l’image de nombreux enfants orphelins revenus deSiguiri, Kouroussa et Kankan.
Que dire de l’histoire de toutes ces familles et de ces milliers de personnes endeuillées à cause de leur ethnie (qu’ils n’ont pas choisi à la naissance)?
Il faut craindre le pire !
En Guinée, un génocide peul est-il en cours ? Les médias n’excluent pas un tel plan pour réduire cette communauté au silence, tels les Royingas en Birmanie. Depuis l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir en 2010, l’on dénote plus de 140 morts, tous de la communauté peule, tués à balles réelles par les forces de l’ordre.
Les visées machiavéliques contre la communauté peule ne font l’ombre d’aucun doute selon de nombreux chroniqueurs, défenseurs des droits humains et analystes politiques guinéens comme étrangers.
Falaye Kondet
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