Nettoyer une grande maison pourrie comme la Guinée est un travail plus herculéen que nettoyer les écuries d’Augias. Et puis, il faudra remonter à quand ? Pourquoi pas au 2 octobre 1958 ? Sous le premier régime, les entreprises régionales de commerce et autres sociétés publiques – le secteur privé étant banni à l’époque – étaient gérées par les dignitaires quasiment à leur seul profit personnel. Ils s’étaient enrichis avec leur famille élargie, pendant que les autres Guinéens vivaient dans la misère générée par le triste communisme.
Grâce aux deniers publics volés à cette époque-là, les gestionnaires envoyaient leurs enfants, via les pays voisins, faire de très bonnes études en Occident. À leur retour, ceux-ci devenaient à leur tour directeur national, directeur général ou même ministre et volaient eux aussi pour donner une belle vie à leur famille. Ainsi de suite. Ils ne faisaient pas du tout partie de la « génération perdue » de Hemingway. La continuité dynastique a été savamment assurée.
Sous la Révolution c’était comme dans La Ferme des animaux, de George Orwell : « tous les hommes sont égaux mais certains sont plus égaux que dautres ».
Plusieurs hauts fonctionnaires actuels ou de l’administration Alpha Condé sont de la lignée des privilégiés du régime révolutionnaire (1958-1984), des PDGistes, des sékoutouréistes…
On voit la paille dans l’œil de son voisin, mais pas la poutre dans le sien…
À chaque régime ses privilégiés, à chaque privilège son argent facile. Que la traque des préjudices financiers remonte donc au premier régime guinéen, et on sera partis pour une transition interminable. Car la Crief devra d’abord retrouver les dossiers. S’ils existent encore…
Et si par la suite, la Guinée n’est toujours pas propre, alors on remontera au Big Bang, c’est-à-dire à 14 milliards d’années.
Par El Bechir