En décidant de créer la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), le nouveau Chef de l’Etat Guinéen, le Colonel Mamadi Doumbouya mesure sans doute l’ampleur et la profondeur du mal causé au pays et à ses populations maintenues dans la misère par la voracité malhonnête de certains individus qui ont tout simplement privatisé les ressources nationales à leur seul et unique profit.
Du scandale des publiphones à la SOTELGUI au projet de l’hôpital Militaire de Dubreka jamais réalisé, en passant par les marchés de la COVID 19, les droits miniers, les innombrables faux marchés au ministère des finances, aux Impôts, à l’ANAÏM, Air Guinée, au Tourisme et Hôtellerie, le démantèlement des Rails du Chemin des fers Conakry -Kankan, les dossiers de présumées malversations qui attendent la CRIEF sont nombreux et multiples.
L’un de ces rocambolesques scandales est le faux marché de 2,5 millions d’euros de publiphones ayant contribué à la faillite et à la fermeture de la Sotelgui.
Il s’agit d’un Contrat de fourniture et d’installation à Kaloum (Cabines téléphoniques à carte) jamais honoré, mais dûment signé entre la SOTELGUI, d’une part et la société écran montée de toute pièce par Amadou Diaby et son partenaire français Henri Legarda, PDG du Groupe Vallée SA à l’époque et ancien président du club de football du Mans FC, d’autre part.
Si le faramineux montant lié à ce marché et chiffré à 2 millions 500.000 euros a été intégralement versé à Amadou Diaby et à son partenaire Legarda en 2009 par la Sotelgui, à ce jour aucun début de commencement de son exécution n’est encore visible.
Autrement dit, 12 ans après avoir empoché plus de 25 milliards de francs Guinéens de la Sotelgui, Amadou Diaby et Henri Legarda n’ont jusqu’à présent pas livré et installé même un publiphone à Kaloum.
La sortie de ce montant des caisses de la Sotelgui sans que le marché ne soit exécuté a fortement déséquilibré les finances et les caisses de la société. Elle a contribué considérablement à la faillite et à l’arrêt des activités de la société avec la mise au chômage de plus de 1000 employés Guinéens depuis 10 ans.
Dans le désespoir, le désœuvrement et la précarité causés par la fermeture de la Sotelgui, plusieurs travailleurs ont succombé. Paix à leurs âmes. Amen
Et pourtant en 2010, pendant le règne du Général Sekouba Konate, cette sulfureuse affaire avait éclaté à la Sotelgui mettant en cause le sieur Amadou Diaby, son ami français Henri Legarda et certains responsables de l’entreprise publique.
À l’époque, pour noyer le poisson, les dirigeants du ministère des Télécommunications, Amadou Diaby et leur partenaire français Henri Legarda ont annoncé en grande pompe l’arrivée des publiphones pour satisfaire les populations de Kaloum.
Une conférence de presse est même organisée dans les locaux de l’entreprise pillée pour tenter de démentir les informations faisant état d’un coup fourré.
Mais, à la grande surprise de tous, ces équipements ne seront jamais livrés à la Sotelgui par le partenaire français, Henri Legarda qui a même pris la poudre d’escampette pour disparaître dans la nature.
Depuis, il n’est pas revenu en Guinée.
Face à l’arnaque, le Général Sekouba Konaté s’est simplement contenté de déplacer le ministre de l’époque, le général Mathurin Bangoura affecté des Télécommunications aux Transports.
Mais, les publiphones tant espérés ne seront jamais livrés à la Sotelgui. Cette saignée financière et d’autres situations ont amené l’entreprise à arrêter ses activités jusqu’à nos jours.
En ce qui concerne les faussaires Amadou Diaby et Henri Legarda, ils se la coulent douce en toute tranquillité et impunité alors que des millions de Guinéens vivant de cette société ont été plongés dans la misère avec la fermeture de la Sotelgui.
Il est important de préciser que l’équipe de l’ancien directeur Thierno Oury Diallo avait réussi à faire de la Sotelgui l’une des rares performantes sociétés publiques, c’est-à-dire étatiques de Guinée avec de nombreux produits générant d’ importantes recettes journalières, mensuelles et annuelles.
Limogé à l’arrivée du CNDD en 2009, M. Diallo a été remplacé par des cadres véreux qui ont instauré un système de gabegie dans la gestion, d’où ce genre de faux marchés attribués en violation de toutes les règles et en la matière à Amadou Diaby et Henri Legarda, deux faussaires reçus dans d’autres scandales en France et en Guinée.
En France, Henri Legarda est si véreux qu’il a creusé un déficit abyssal de près de 15 millions d’euros dans la gestion du Club de Football du Mans qu’il a mis en faillite.
Il fait également objet de plusieurs condamnations judiciaires en France dont la dernière relativement récente a été prononcée le 23 septembre 2020 par la Cour de cassation de Paris lui intimant de rembourser la somme de 70 000 euros escroquée en 2013 au restaurateur Sarthois, Christian Térouanne.
Le Congolo- Guinéen, Amadou Diaby, n’est pas plus saint que son ami Mansois. Par complaisance et laxisme du régime déchu guinéen, il est également empêtré dans de nombreux autres scandales de marchés non exécutés attribués à son imprimerie “IMPRIMAD” en faillite.
Tout comme dans le projet de l’hôpital militaire à Dubreka.
En 2010, ayant contacté plusieurs contrats avec l’Etat Guinéen, Amadou Diaby prend l’engagement auprès de l’Intendance militaire de livrer un hôpital moderne avec des équipements de dernière génération à l’Armée Guinéenne.
Pour ce faire, il décaisse plus de 50 milliards de francs des Caisses du Trèsor public, comme avance sur ce marché visant à doter l’Armée Guinéenne de son tout premier hôpital moderne. L’annonce est faite à la RTG avec la visite en grande fanfare du site réservé à l’ambitieux projet à Dubreka.
Subitement, les travaux avant de commencer s’arrêtent pour des raisons de financement. Amadou Diaby et ses partenaires s’accrochent et le chantier est purement et simplement abandonné.
A l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir en fin 2010, un audit au sein de l’armée épingle et incrimine Amadou Diaby et il est invité à rendre l’hôpital opérationnel à Dubreka ou à restituer l’avance surfacturée de 50 milliards de francs débloquée pour l’installation de l’hôpital.
Le chef d’état major général de l’armée à l’époque, feu Général Kelefa Diallo saisit son véhicule et il est mis en demeure de rembourser l’argent.
Mais, malheureusement, comme souvent, l’affaire est rangée dans les tiroirs. C’est là que l’on comprend la pertinence de la révolte et de la colère du Colonel Mamadi Doumbouya quand il dénonce dans sa déclaration de prise du pouvoir… la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique qui ont emmené l’armée Républicaine Guinéenne, à travers le Comité National du Rassemblement pour le Développement, CNRD, à prendre ses responsabilités vis-à-vis du peuple souverain de Guinée et dans sa totalité. »
La CRIEF, dans la logique du Président Mamadi Doumbouya qui veut que la Justice soit la boussole de la transition pour n’accuser personne, devrait totalement restaurer l’état Guinéen dans ses droits spoliés avec toutes ces malversations scandaleuses, mettre fin à l’impunité, et montrant à la face du monde que nul désormais n’a le droit de se servir des biens et des ressources appartenant à la Guinée et à tous les Guinéens.
Par Mohamed Fakoly