Le Soudan ne doit pas être abandonné (Éditorial)
Les deux généraux qui se disputent le pouvoir à Khartoum ont tué plus de 400 Soudanais et blessé 3 500 autres en une semaine d’affrontements. Al-Burhan et “Hemedti” étaient autrefois unis pour compromettre la transition démocratique initiée à la chute du dictateur Omar el-Béchir, mais ils en sont maintenant à tuer des civils dans leur lutte pour le pouvoir. Aucune voix audible n’a osé les remettre à leur place ou condamner clairement l’illégalité de leur mainmise sur la nation.
Ce peuple a été laissé seul avec ses bourreaux pendant dix-huit mois. Ces généraux, dans leur soif effrénée de pouvoir, en sont à s’estimer libres, désormais, de semer la terreur. Les pays qui auraient dû mettre un coup d’arrêt aux exactions d’al-Burhan et de “Hemedti” sont maintenant réduits à dépêcher des navires de guerre ou à mobiliser d’autres moyens pour espérer mettre leurs ressortissants à l’abri.
La persistance de la communauté des nations à traiter ces généraux comme des dirigeants qu’ils ne sont pas est regrettable. Dans certains pays du continent, le métier de militaire semble être désormais l’apanage d’aventuriers assoiffés de pouvoir. Le Soudan était jadis un pays de grande et prestigieuse histoire, instruit et cultivé. Il pourvoyait les institutions africaines en cadres de très haut niveau, parmi les meilleurs.
Le premier président de la Banque africaine de développement, Mamoun Beheiry, était Soudanais. Ce pays a également donné deux présidents à la Confédération africaine de football. Le Soudan est une nation pleinement africaine, partageant le plus de frontières avec d’autres pays sur le continent. L’Afrique n’a vraiment pas le droit d’abandonner ce peuple à son sort !
Par Mariam Diallo