Quand le petit prince, venu d’une petite planète lointaine, demanda à l’aviateur en panne de moteur dans le désert si les moutons, en mangeant les fleurs, mangent aussi leurs épines, celui-ci répondit, agacé, oui.
« Les épines, à quoi servent elles ? », demanda le petit prince. L’aviateur, absorbé par la panne qu’il n’arrivait pas à réparer et irrité par les questions incessantes du petit extraterrestre encapé, répondit n’importe quoi, mais si judicieusement pourtant : « Les épines, ça ne sert à rien, c’est de la pure méchanceté de la part des fleurs ! »
Aujourd’hui, les moutons guinéens mangent les épines de la fleur qui poussa le 5 septembre 2021 sur un tas de fumier : palinodies, désargenture, paupérisation, faim ou malnutrition, démolitions forcenées des rares bâtis privés, travestissement burlesque politico-judiciaire, justice à deux vitesses, vissage au pouvoir comme une bernicle à un rocher, privation des ministères de leur budget de fonctionnement, populisme qui ne ferre plus que les antidémocrates, médiocratie, éviction des compétences administratives et promotion outrancière de néophytes inexercés et béjaunes, bannissement international de la Guinée, recul institutionnel et collusion avec les micro-partis politiques en phase avec un CNT fantoche, ethnarchie au saupoudrage cosmétique, marasme économique irrémédiable, mauvaise répartition de la richesse nationale…
Une chose est sûre, nos gorges saignantes ne pourront pas déglutir longtemps encore les épines qui deviennent des clous acérés.
Pas de rose sans épines, il est vrai. Mais elle sent bon et ses épines ne piquent que les balourds. De la rose on fait d’agréables parfums. Sa fragrance est exquise à l’olfaction comme l’ambroisie et le nectar au palais des dieux.
On ne peut en dire autant de l’arum titan. Cette fleur pue la rage. On se pince le nez quand on l’aperçoit ou l’on fuit comme devant un putois.
Pouah !
El Bechir Diallo