L’Association des Magistrats de Guinée (AMG) et son Président Mohamed Diawara: Un Débat Brûlant avec le Ministre de la Justice

Depuis l’émission d’un arrêté ministériel suspendant Messieurs Cé Avis GAMY et Moussa Camara, respectivement Substitut du Procureur de la République et juge près le Tribunal de première instance de Labé, les tensions entre l’Association des Magistrats de Guinée (AMG) et le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright, ont pris une ampleur surprenante. Le président de l’AMG, Mohamed Diawara, a vivement réagi en dénonçant l’arrêté, suscitant un débat enflammé autour de la portée de l’autorité du ministre et du rôle de l’AMG.

Selon les lois en vigueur, le ministre de la justice détient effectivement un pouvoir suspensif sur les magistrats, en cas d’insuffisance professionnelle ou de violation de la loi. Pourtant, la réaction de l’AMG met en lumière une divergence d’opinions sur la validité et la durée de cette suspension. En outre, la déclaration de grève initiée par l’AMG et sa tentative de se présenter comme un syndicat pour représenter les magistrats ajoutent une dimension complexe à l’affaire.

L’AMG, pourtant une association privée, a choisi de s’élever contre l’arrêté ministériel en brandissant une série d’arguments contestables. Toutefois, le ministère de la Justice souligne que la suspension ne dépasse pas les 30 jours, conformément aux dispositions légales et réglementaires. Cette opposition soulève une question cruciale : jusqu’où une association de magistrats peut-elle aller dans la contestation des décisions ministérielles ?

Le Conseil Supérieur de la Magistrature, seul organe disciplinaire au sein de la justice guinéenne, aurait pu être l’instance de recours appropriée pour régler ce différend. Cependant, l’AMG a pris l’initiative de se substituer en partie à cette instance, ce qui a conduit à un débat sur l’étendue de ses compétences. La question centrale réside dans la capacité de l’AMG à représenter valablement l’ensemble des magistrats de Guinée et à agir en tant que porte-parole en l’absence de la saisine formelle du Conseil Supérieur de la Magistrature.

Parallèlement à cette controverse institutionnelle, le Président de l’AMG, Mohamed Diawara, est sous le feu des critiques. Accusé d’ambition démesurée et de mégalomanie, Diawara aurait utilisé cette situation pour asseoir son propre prestige au sein de l’AMG. Certaines voix dénoncent du favoritisme et son comportement dictatorial au sein de l’association. L’absence de réactions à d’autres suspensions antérieures laisse planer des doutes sur les motivations sous-jacentes de son opposition actuelle.

Bref, l’affrontement entre l’AMG et le ministre de la Justice met en évidence des conflits profonds relatifs à la séparation des pouvoirs, à l’autorité des instances judiciaires et à la représentativité des associations professionnelles.

La réaction de l’AMG soulève des questions sur la ligne de démarcation entre le rôle des associations et celui des autorités judiciaires. Tandis que le président Mohamed Diawara tente de rallier les magistrats autour de sa cause, l’issue de ce débat reste incertaine et pourrait influencer le futur paysage juridique de la Guinée. Notons, en définitive, que cet appel à la grève n’a pas été suivi, ni à Conakry ni l’intérieur du pays, où tous les magistrats de permanence sont à leurs postes.

Par Sambegou Diallo

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