État d’urgence sanitaire : Alpha réajuste ses mesures de tâtonnements
Le président de la République s’est adressé à ses compatriotes ce vendredi 15 mai 2020, dans un discours solennel. Alpha Condé a annoncé la prorogation de l’état d’urgence pour un mois, la levée du couvre-feu pour l’intérieur du pays et l’allègement pour le Grand Conakry (Conakry, Coyah et Dubréka) qui passe de 22h à 5heures du matin. Bref, il a tout dit sauf l’essentiel. Sinon comment comprendre qu’un pouvoir puisse diviser son propre pays en miettes ? Comment comprendre que le pouvoir, qui affame son peuple, puisse interdire les convois alimentaires en direction de Conakry et ériger des barrages à l’entrée de la capitale ? Pourquoi organiser un racket systématique pour délester les populations de leurs maigres ressources en ces temps si difficiles ? Pourquoi tuer impunément des citoyens qui ne demandent qu’à souffler des maudites restrictions dues à la situation sanitaire ? Surtout comment résoudre tous ces problèmes qu’a posés le pouvoir et aussi comment mettre fin au tâtonnement ? Rien de tout cela n’a été développé, c’est aussi ça qui fait mal: tuer des innocents et venir coasser le lendemain comme un crapaud 🐸 C’est le discours ampoulé ci-dessous qu’il faut lire pour être définitivement convaincu à quel point le pouvoir d’alpha condé est ridicule.
Conakry, 15 mai 2020 – Guinéennes, Guinéens, mes chers compatriotes,
Je viens devant vous pour faire le point de notre combat commun contre le COVID-19, à l’instar des autres pays du monde confrontés à cette pandémie.
Depuis l’apparition du premier cas de coronavirus, le 16 mars dernier, le Gouvernement et les populations guinéennes se sont investis dans un plan de riposte pour endiguer cette épidémie.
Les premières mesures d’urgence ont été prises, suivies de la déclaration de l’état d’urgence le 26 mars 2020 et accompagnée de nouvelles mesures sanitaires.
Ces mesures ont été amendées le 14 avril 2020, avec notamment la fermeture des écoles, des universités, des bars et des lieux de culte sur l’ensemble du territoire national.
Le port du masque a été rendu obligatoire. J’ai moi-même fait confectionner deux millions de masques réutilisables, par nos couturières et couturiers qui sont en cours de distribution gratuite.
A date, nous avons 11.100 personnes testées, nous dénombrons 2.531 cas positifs soit 23 %, 1.094 guéris et déplorons le décès de 15 patients.
Notre politique actuelle est de procéder à un dépistage massif, afin d’isoler tous les cas positifs éventuels et en même temps éviter qu’ils ne contaminent les personnes ayants d’autres maladies graves ainsi que les vielles personnes et les femmes enceintes.
Ces chiffres confirment que le combat n’est pas encore gagné et que nous devons redoubler d’efforts et de vigilance.
Cependant, il est important de souligner qu’en terme de résultat, nous pouvons être fiers du travail accompli ensemble puisque la Guinée aujourd’hui enregistre l’un des plus faible taux de décès de toute la sous-région et un des plus bas au monde avec un chiffre de 0,59% de victimes par rapport au nombre de cas infectés, quand cette triste moyenne s’élève à 6,77 au plan mondial.
C’est le lieu pour moi de présenter toute ma compassion et mes plus sincères condoléances aux familles endeuillées et de souhaiter un prompt rétablissement aux malades.
Je renouvelle mes encouragements à tous les intervenants dans la riposte que sont : le personnel soignant, l’ANSS, les forces de sécurité, les partenaires techniques et financiers, les ONG et organisations de la société civile, les entreprises publiques et privées, ainsi que toutes les personnes ressources.
Je rends également hommage aux braves populations qui consentent d’importants sacrifices dictés par les impératifs sanitaires actuels.
Chers compatriotes,
Nous constatons ainsi que l’épidémie est toujours en progression dans notre pays, avec pour épicentre la ville de Conakry.
A cet effet, les dispositions ont été renforcées pour rompre la chaîne de contamination et garantir une meilleure prise en charge des patients. Aujourd’hui, six centres de traitement épidémiologique sont opérationnels : Donka, Nongo, Camp Alpha Yaya Diallo, Matam, Kindia et la Maison centrale de Conakry. Et Gbéssia qui sera fonctionnel ce week-end.
D’autre part, nous attendons incessamment l’arrivée d’une assistance médicale Cubaine.
La capacité de test des laboratoires, aujourd’hui de 350 par jour, sera sensiblement améliorée avec des moyens garantissant 1000 tests par jour, grâce à de nouveaux appareils attendus cette semaine.
Le Conseil Scientifique de Riposte (CSR), mis en place au mois d’avril dernier, contribue déjà, par des avis motivés, à orienter efficacement les décisions du Gouvernement.
Guinéennes, Guinéens,
L’acuité du combat contre la pandémie nous amène à des choix difficiles au regard des contraintes qui pèsent sur la vie sociale et économique.
Comment concilier la conduite du combat sanitaire avec l’exigence de la préservation de la liberté des citoyens et de la poursuite des activités économiques ? C’est le dilemme qui se pose aujourd’hui à tous les Etats du monde.
Après consultation des différents acteurs de la riposte contre la maladie à coronavirus, j’ai décidé des nouvelles mesures ci-après :
L’état d’urgence est reconduit pour une durée d’un mois à compter de ce jour ;
Le couvre-feu passe de 22 heures à 05 heures du matin pour la zone du Grand Conakry (Conakry, Coyah et Dubréka) et il est levé entièrement pour l’Intérieur du pays, à compter de ce jour ;
En dehors des lieux autorisés, la mesure relative au rassemblement des personnes à l’Intérieur du pays est allégée avec les regroupements passant de 20 à 30 personnes au maximum, à compter de ce jour ;
Bien entendu ces mesures d’exception seront ajustés si nécessaires.
Les autres dispositions relatives à l’état d’urgence sanitaire restent en vigueur.
Par ailleurs, j’instruis le Gouvernement à suivre attentivement l’impact de la crise sanitaire sur la vie économique et sociale. Il est impératif d’élargir et de renforcer le soutien aux populations et aux secteurs économiques sinistrés.
Par exemple dans le secteur agricole, nos concitoyens qui ont subi d’importantes pertes dans les filières de l’anacarde, l’ananas et des pommes de terre doivent être soutenus.
Je suis profondément sensible aux conditions difficiles dues au COVID-19 dans lesquelles vivent certains de nos compatriotes à l’Etranger, qu’il s’agisse des résidents, des étudiants ou de ceux qui y sont bloqués à la suite de la fermeture des frontières.
A ce propos, j’ai instruit le Gouvernement à prendre toutes les dispositions nécessaires et utiles en vue d’apporter une assistance financière et exprimer notre solidarité aux familles des victimes guinéennes du coronavirus à l’Etranger, ainsi qu’à la poursuite des opérations de rapatriement volontaire de nos compatriotes, à travers des vols humanitaires.
Toutefois, ces opérations de rapatriement doivent obéir à des critères stricts afin de préserver la sécurité sanitaire de l’ensemble des populations.
Chers compatriotes,
Nous avons été malheureusement endeuillés par des pertes en vies humaines, le 12 mai dernier à Coyah, Dubréka et Kamsar.
Ces évènements douloureux posent une fois de plus la question de la violence lors des mouvements sociaux et politiques dans notre pays.
J’exhorte la Justice à faire la lumière sur ces faits graves et à en tirer toutes les conséquences judiciaires.
J’en appelle à la discipline et à l’esprit civique de tous les citoyens. Chacun doit comprendre que les restrictions d’aujourd’hui sont dictées par les exigences de santé publique.
Nous devons les accepter et les respecter pour vaincre la pandémie et permettre une sortie rapide de cette crise.
Les forces de sécurité sont chargées de garantir l’observation stricte de ces instructions dans la discipline et le respect de la loi.
Guinéennes, Guinéens,
J’ai confiance en la capacité de notre peuple à surmonter cette épreuve. Nous y parviendrons dans la solidarité et la cohésion nationale.
Selon le Fmi, la Guinée fait partie des 5 pays qui s’en sortiront au mieux en 2021. Mais cela suppose que nous renforcions notre agriculture et notre agrobusiness. Nous devons donc tout mettre en œuvre pour qu’en aucun cas cette maladie n’atteigne les régions de l’Intérieur qui sont les zones de production, parce que nous devons nourrir notre population. Cette maladie nous cause beaucoup de préjudices graves mais ce qui l’est encore plus, ce sont les conséquences économiques et sociales qui peuvent entrainer un appauvrissement grave. C’est pourquoi tout le monde doit accepter ces mesures qui sont dures mais qui sont les seuls moyens de nous en sortir, de faire progresser notre économie et de faire réduire la pauvreté.
Je vous remercie !