De l’ethnostratégie dans la politique guinéenne : un citoyen répond au dépité Amadou Damaro Camara
Lettre ouverte à M. Amadou Damaro Camara chef du groupe parlementaire de la majorité présidentielle.
« Le chien ne change jamais sa manière de s’asseoir” , dit-on. Et comme le disait Albert Camus, je cite : « La bêtise insiste toujours ».
Monsieur Damaro,
Ces deux citations sont éminemment vraies. Et je sais d’avance que ma lettre ne vous fera pas changer votre façon de faire de la politique : recourir à l’ethnostratégie. Néanmoins, je me fais l’obligation de m’adresser à vous après votre énième sortie médiatique visant à stigmatiser une partie de vos concitoyens en l’occurrence les Fulɓe (Peuls).
En effet, depuis très longtemps, vous faites des sorties médiatiques dangereuses qui mettent davantage à mal le vivre ensemble dans notre pays. Oui, vos sorties sont dangereuses parce qu’elles stigmatisent une partie des Guinéens en l’occurrence les Fulɓe afin de créer un fossé entre eux et les autres communautés. En fait, je trouvais au départ que vous méritiez plus de la pitié que de l’attention, car je constate souvent que vous ignorez le rôle qui doit être le vôtre dans une représentation nationale. Cependant, je trouve que vous méritez cette fois-ci une réponse parce que comme le dit le proverbe : “Quand tu danses avec un aveugle, il faut le piétiner de temps en temps afin qu’il sache qu’il n’est pas le seul sur la piste de danse.”. Donc, je vais vous répondre cette fois-ci !
Monsieur Damaro,
Après vos propos dans l’émission “droit dans les yeux” qui disaient, je cite: “…maintenant sur l’axe Bambeto, ce n’est plus un maintien d’ordre. C’est une lutte contre le grand banditisme, contre la criminal. On ne doit plus aller avec des bâtons là-bas. On doit aller avec des armes…”. Vous avez indiqué qu’il n’y a que la Moyenne Guinée qui s’oppose au projet de changement constitutionnel ”
Monsieur Damaro,
Vos propos sont indignes du représentant du peuple que vous êtes. Vous ne pouvez pas vous permettre de vociférer continuellement et impunément sur les Fulɓe comme s’ils sont des citoyens de seconde zone en Guinée.
Monsieur Damaro
Comme vous insinuez cyniquement qu’il n’y a que les Fulɓe qui s’opposent à votre maléfique projet de troisième mandat parce que c’est cela la réalité, je vais vous enseigner la sociologie de la Moyenne-Guinée que vous semblez ignorer.
En effet, la Moyenne-Guinée n’est pas une localité qui abrite que les Fulɓe. En Moyenne-Guinée, il y a majoritairement des Fulɓe certes, mais qui cohabitent pacifiquement avec des Sarakolés, des Malinkés, des Soussous et d’autres communautés. Donc, vouloir réduire la Moyenne-Guinée qu’aux Fulɓe est une preuve éloquente de votre ignorance sur la sociologie de la Région du Fouta.
Par contre, s’il n’y a que la Moyenne-Guinée qui s’oppose à votre cynique projet, sachez alors que même votre épouse Djénabou Barry est contre puisqu’elle est de la Moyenne-Guinée.
Par ailleurs, vu que votre stratagème visant à opposer les autres communautés aux Fulɓe a atteint vos résultats escomptés depuis la fameuse affaire d’eau empoisonnée que vous aviez établie en 2010, vous entendez utiliser la même stratégie pour salir la démarche citoyenne qui fait échouer votre projet. Mais, cette fois-ci, c’est peine perdue ! Parce que cette démarche est avant citoyenne et républicaine. Ainsi, elle transcende tous les clivages sociopolitiques. Du coup, vous pouvez continuer à utiliser vos stratagèmes habituels, mais ils échoueront. Car les Guinéen.ne.s ont compris votre stratégie qui consiste à diviser pour mieux régner !
Les Guinéen.ne.s ont compris que votre seul et unique objectif est de maintenir vos avantages économiques et vos privilèges politiques.
D’ailleurs, c’est pourquoi la Basse-Guinée est à l’avant-garde dans l’opposition à votre forfaiture. Partout où les pantins du pouvoir sont passés dans les localités de la Basse-Côte notamment à Boké, Boffa, Fria, Kindia, etc., il y a eu des citoyens républicains qui ont exprimé farouchement leur opposition à votre forfaiture. Et cette opposition des citoyens de la Basse-Côte ont même créé des ennuis au patriarche de la Basse-Côte Elhadj Sékhouna Soumah vis-à-vis. En même temps, Dubréka et Coyah ont été les premiers endroits à répondre à l’appel à manifester lancé par le FNDC. Mais peut-être que par votre volonté, ces localités appartiennent désormais à la Moyenne-Guinée.
En même temps, les Guinéen.ne.s ont compris que votre seul et unique objectif est de maintenir vos avantages économiques et vos privilèges politiques. C’est pourquoi ils ne céderont pas face à votre lâcheté qui fait croire aux plus naïfs des Guinéen.ne.s qu’ils auront tous les avantages du monde en soutenant votre forfaiture de changement constitutionnel.
Monsieur Damaro,
Connaissant votre passé trouble, vous devriez faire montre de modestie en restant dans le silence absolu. Oui, vous devriez vous taire ! Parce que vous avez la lourde responsabilité d’être un ancien putschiste. En 1985, vous aviez utilisé encore l’ethnostratégie pour tenter de renverser le régime de Lansana Conté bien qu’ancien putschiste aussi. Votre bêtise humaine avait coûté la vie à nombreux de nos compatriotes ! Donc, les jeunes de l’Axe n’étant pas des lâches n’ont pas de leçon à recevoir de l’ancien putschiste que vous êtes.
Aujourd’hui, vous prétendez faussement défendre Alpha Condé, alors que ce sont vos intérêts économiques vous défendez. Disposant plusieurs camions dans les mines de Boké qui vous permettent d’entretenir votre famille aux États-Unis et de payer les études universitaires de vos filles, vous ne voulez pas voir le régime d’Alpha Condé s’arrêter. En réalité, ce n’est pas Alpha Condé que vous aimez, mais vos avantages économiques ! Si toutefois, Alpha Condé s’entête à vous suivre jusqu’à ce que les Guinéen.ne.s le chassent du pouvoir comme son frère Blaise Compaoré, je suis certain que vous serez à nouveau lâche comme l’aviez été avec le Colonel Diara Traoré que vous aviez trahi, en le lâchant !
Monsieur Damaro,
Pour terminer, je vais vous inviter à la décence en observant le silence parce que les Guinéen.ne.s n’ont pas besoin d’entendre vos balivernes. Donc, laissez-les vivre paisiblement dans leur pays parce que contrairement à vous, ils n’ont pas la citoyenneté américaine. Par conséquent, ils n’ont pas où aller si la Guinée brûle!
Par Rafiou Bah