Chronique : La Constitution Mystère et les Prolongations Infinies

En Guinée, l’année 2024 se termine dans un ballet de promesses non tenues et de questions en suspens. Un spectre hante les salons de Conakry, les marchés de Madina et même les buvettes de Kaloum : où est passée la Constitution promise ? Comme une belle promesse d’amour, elle devait arriver avant 2025, portée par la junte militaire au pouvoir. Mais, à quelques jours de la Saint-Sylvestre, ce document sacré reste aussi invisible qu’un bon wifi à l’intérieur d’un taxi-brousse.

Le ballet des mots, la valse des délais

Revenons un instant en arrière. Quand la junte a pris le pouvoir, elle a juré sur tous les totems disponibles que son rôle était de “remettre le pays sur la voie démocratique”. Et pour cela, un référendum constitutionnel devait être le clou du spectacle. Le peuple a patienté, bercé par des discours aussi fleuris qu’un mariage sous les manguiers. Mais au fil des mois, le ton a changé.

Le Premier ministre Bah Oury, dans ses interviews – que nous avons soigneusement écoutées avec une tasse de café bien fort – a plusieurs fois rappelé l’importance de cet acte constitutionnel pour clore une transition qui commence à ressembler à une série Netflix sans fin. Mais entre théorie et pratique, il y a un fossé que même les ponts de Tanènè ne peuvent combler.

Le peuple en mode détective

Alors, le peuple guinéen, dans sa sagesse légendaire, s’est transformé en enquêteur. Pourquoi ce retard ? Les hypothèses fusent :

  1. La junte jouerait-elle aux prolongations ? Certains affirment que les militaires goûtent un peu trop au pouvoir et ont du mal à raccrocher.
  2. Le syndrome de la “constitution idéale” ? Peut-être qu’ils cherchent à rédiger un texte si parfait qu’il rendrait jaloux les rédacteurs du Code Napoléon.
  3. Un oubli ? Eh oui, qui sait, peut-être que la Constitution est tout simplement coincée dans une imprimante à Kaloum.

Pendant ce temps, le calendrier tourne, et les questions s’accumulent. Dans les débats animés au quartier, une phrase revient souvent : “Mais quand la transition finit-elle ?”

Chronique d’une fin incertaine

L’ironie, c’est qu’à force de prolonger, la transition finit par devenir une destination. Un vieux du quartier a même lancé, dans un éclat de rire :

“Quand la junte nous dit qu’on est en transition, c’est comme si un chauffeur de minibus disait qu’il fait juste un détour. Mais le détour devient l’itinéraire officiel.”

Alors, 2024 s’en va comme elle est venue, avec son lot de promesses non tenues et de Constitution introuvable. Mais les Guinéens, eux, restent fidèles à leur humour et à leur patience. Car si la junte a le temps, eux ont l’éternité… ou presque.

En conclusion, chers dirigeants, une petite question simple pour clore cette chronique : à quand la fin du “détour” ?

Par Alpha Oumar Baldé, Analyste et Conseiller Politique 

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