Le Président du CNRD, le Colonel Mamadi Doumbouya, rencontrant les gestionnaires des ressources financières publiques que sont les chefs des divisions des affaires financières et les directeurs des régies financières ainsi que des établissements publics autonomes, prouve sa détermination à faire de la moralisation de la chose publique une priorité fondamentale.
Tous nommés presque par l’ancien président Alpha Condé, ils ont brillé par d’énormes scandales financiers couverts en toute impunité.
I – Surfacturations des examens nationaux
En 2013, un gros scandale de plus de 40 milliards de francs Guinéens est découvert par une mission d’inspection du ministère des finances conduite par Fode Amara Condé au niveau du ministère de l’enseignement pré-universitaire.
Le ministre d’alors, Ibrahima Kourouma et certains de ses collaborateurs ont monté, par rapport à 2012, un budget surévalué, doublé des examens nationaux pour 2013. En 2011 et 2012, en effet, le budget le budget alloué au ministère de l’enseignement pré-universitaire et de l’éducation civique pour la gestion des examens nationaux (Baccalauréat, Brevet, Examens d’entrée au Collège) était de 20 milliards de GNF.
Pour l’année 2013, le ministre Ibrahima Kourouma a présenté une facture de 40 milliards de GNF au ministre de l’économie et des Finances, Kerfalla Yansané, à l’époque. Ce dernier, dubitatif, conseille au tout nouveau et jeune ministre de revoir ses prétentions à la baisse à cause de la grave crise qui frappe le pays. Surtout, dit-il, l’année budgétaire a été caractérisée par une certaine baisse des recettes. Sourd à ces conseils de son collègue mais aîné et plus expérimenté ministre de l’économie, Kerfalla Yansané, le ministre Ibrahima Kourouma s’adresse directement au président Alpha Condé qui se laisse facilement convaincre par le farfelu argument de ” risques de remous sociaux, de soulèvement des élèves si les examens n’étaient organisés aux dates indiquées”.
Mais, l’inspection les services de payement du ministère des finances et l’inspection des finances, sur la base des documents fournis par le ministre Ibrahima Kourouma relatifs au nombre des centres d’examens, le nombre de surveillant, de médecins, de la sécurité et toutes les autres dépenses liées à ses examens, sont également allés sur le terrain dans les cinq communes de Conakry et à l’intérieur du pays.
Sur le terrain, les inspecteurs découvrent que de nombreux centres d’examens listés par le ministre Kourouma n’existent pas. Et rien que pour la seule commune de Ratoma, 40 centres d’examens fictifs ont été dénombrés par les inspecteurs des Finances. Rien que dans la Capitale Conakry, plus de 10 milliards de GNF de surfacturations ont été décelés et reversés au Trésor public. En définitive, plus de 30 milliards ont été reversés dans les caisses de l’état. Informé de tous les détails liés à ce rocambolesque scandale du ministre Ibrahima Kourouma, Alpha Condé a eu pour seule et unique réaction cette déclaration : ” Qu’il disparaisse de ma vue”, sans la moindre forme de blâme encore moins de sanction.
Au contraire, le Président Alpha Condé a continué à protéger Ibrahima Kourouma et le budget n’a cessé de grimper pour avoisiner les 100 milliards GNF. Même si, le 17 mai 2016, devant les militants du RPG venus célébrer le 25ème anniversaire de son retour en 1991, il a fait lui-même cet aveu : « L’année dernière, on a dépensé plus de 70 milliards de GNF pour l’organisation des examens nationaux. Les gens trichaient. J’ai envoyé l’inspection d’Etat. On a économisé 40 milliards.
Mais ce n’est pas encore fini. Partout où on a dit avoir construit des écoles, On va aussi vérifier si les écoles sont construites ou pas sur le terrain. Désormais l’impunité c’est fini », a laissé entendre le président guinéen. C’est seulement, le 27 février 2017 que le Président Alpha Condé a finalement limogé son ministre Ibrahima Kourouma non pas à cause de ses malversations qui n’ont jamais cessé mais pour cause des mouvements de grève et des agitations dans le secteur de l’éducation qu’il redoute et que son protégé était incapable de gérer.
À rappeler que cette grave crise liée à la grève des enseignants qui a secoué le pays avec des violentes manifestations a fait au moins 7 morts et de nombreux blessés. D’ailleurs, le 23 août 2017, Alpha Condé a accordé une grande promotion à Ibrahima Kourouma en le nommant ministre de l’Habitat, de l’aménagement du territoire et de la ville, un stratégique portefeuille qu’il conservera jusqu’à la chute, le 05 septembre 2021, du Parrain.
II – Scandale financier de la SOGEAC
En 2017, un autre scandale éclate à l’aéroport de Conakry Gbessia au niveau de la SOGEAC et incrimine le directeur Oulaba Kabassan Keïta.
En effet, le Conseil d’administration, ayant constaté une confusion lors de sa réunion du 22 novembre 2017, un grand flou dans la gestion financière de la Société, décide à l’unanimité de ses membres, de demander aux Cabinets FFA & EY et à celui de Lombonna un rapport sur la revue de conformité des dépenses réalisées du 1er janvier 2016 au 30 octobre 2017 par la Direction générale de la SOGEAC.
Ce rapport d’audit confirme un trou de plus de 4 milliards GNF et une utilisation capricieuse (achat de lunettes à 3000€) et abusive de la carte de crédit Visa de l’entreprise mise à la disposition du directeur Keïta. Comme il se doit en pareille circonstance, conformément aux textes fondateurs, une réunion extraordinaire du Conseil d’administration fut convoquée par son Président, Boubacar Sow afin de permettre au Directeur Général indexé par le rapport d’audit de s’expliquer et se défendre sur le dérapage financier qui lui ait reproché. En la matière, soit il justifie l’utilisation des 4 milliards dans l’intérêt de la SOGEAC et ce conformément à la réglementation budgétaire et il est maintenu dans ses fonctions, soit il ne fournit pas les arguments convaincants et probants, et, dans ce cas, il est immédiatement démis par le Conseil d’administration et poursuivi devant les juridictions compétentes.
Informé de la tenue de ce Conseil d’administration extraordinaire et conscient des risques qui guettaient son poulain, le parrain Président Alpha Condé a immédiatement instruit son ministre des Transports de l’époque, l’incompétent et non moins sulfureux Oyé Guilavogui (radié des effectifs de la fonction publique en 1998 pour malversations financières, détournement et vol) de bloquer la procédure et de s’opposer à la tenue même du Conseil.
Ainsi, arrivés à Conakry pour ladite Session, les partenaires que sont les Aéroports de Paris (ADP), l’Agence française de Développement(AFD) et la Chambre de Commerce de Bordeaux (CCB), ont été reçus au Palais présidentiel Sekhoutoureyah par Alpha Condé, lui-même, sans le Président du Conseil d’administration, Boubacar Sow qui a été volontairement tenu à l’écart l’audience pour des motifs inavoués.
Le Président Alpha Condé dira clairement aux partenaires Guinéens de la SOGEAC de ne pas tenir le Conseil d’administration extraordinaire projeté le lendemain sur les malversations reprochées au directeur Oulaba Kabassan Keïta Baby. Malgré l’insistance des partenaires, Alpha Condé restera inflexible en insistant sur sa décision de surseoir au Conseil extraordinaire.
Cependant, le 18 avril 2018, moins de 4 mois après cette douteuse protection accordée à un cadre pourtant clairement mis en cause par ses propres arguments, le Président Alpha Condé prends un décret et limoge le président du Conseil d’administration de la SOGEAC, Boubacar Sow pour une curieuse”Faute lourde “. Au moment même où ce dernier et les administrateurs s’apprêtaient à tenir la Session statutaire sur les états financiers qui n’avait rien à voir avec la Session extraordinaire avortée de Conakry. Une copie du bizarre décret, que le Président Alpha Condé interdit de diffuser sur les ondes de la RTG, est diligemment déposée à l’ambassade de France et à l’AFD par le ministre Oyé Guilavogui alors ministre des transports. Cause à effet, les partenaires ont vite compris que par ce décret, le Président Alpha Condé, dans sa logique protectrice, voulait empêcher la tenue de cet autre Conseil d’administration statutaire pour ne pas que le directeur de la SOGEAC soit confronté à ses malversations et débarqué de ses fonctions.
Mais, ce n’était que peine perdue. En effet, un mois après l’injustifiable limogeage du Président du conseil d’administration, Boubacar Sow, les partenaires, lors d’un Conseil d’administration extraordinaire convoqué à Conakry, exigèrent le départ du Directeur général de la SOGEAC. Alpha Condé s’obstine et refuse la mesure. Mais, suite aux mesures coercitives des partenaires avec les conséquences qui commençaient à se faire sentir sur l’existence et la vie même de la SOGEAC, il s’est finalement résolu à remplacer son poulain Oulaba Kabassan Keïta Baby qu’il rangera dans son garage des innombrables ministres Conseillers à la présidence de la République.
III – Les 200 milliards de Zenab Nabaya Dramé où le ” Nabayagate”
La ministre de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’emploi, Zenab Nabaya Dramé, directrice adjointe du directoire de campagne du candidat Alpha Condé lors de l’élection présidentielle du 18 octobre 2020, a été citée dans quelques scandales et malversations dont les montants cumulés se chiffrent à plus de 200 milliards GNF. Ils concernent la non justification de 28 milliards de francs guinéens et plus de 100 milliards de déficit qu’elle a laissés quand elle était Cheffe de la division administrative et financière (DAF) au ministère de la Santé, un montant de plus de 56 milliards disparus au moment où elle était DAF au ministère de l’Agriculture.
Pour l’organisation des examens nationaux au compte de l’année 2020, le ministère a demandé 27 milliards de francs guinéens. La ministre Zenab a majoré ce montant à 43 milliards de nos francs. Soit une augmentation de 65,38% du montant initial. Et sur les 43 milliards GNF débloqués des comptes du trésor public pour l’organisation des examens nationaux, elle n’a donné que 15 milliards GNF pour l’organisation des deux semaines d’examens théorique et pratique, en empochant les 28 milliards GNF.
D’autre part, avec la complicité du ministère du Budget, elle a négocié et obtenu un crédit supplémentaire de plus de 35 milliards de Francs guinéens pour dit-on équiper les centres de formation professionnelle (CFP) de Kankan, Kouroussa, Kerouané, Siguiri et Nzérékoré.
L’argent a été décaissé, la liste des entreprises au nombre de 9 via un contrat de gré-à-gré existe mais aucun équipement n’a été acheté à ce jour.
L’AFD (Agence Française de Développement), qui devait accompagner la Guinée pour combler le déficit avec une enveloppe de 62 millions d’euros, ayant su que le montant initial d’un milliard 300 millions affecté au département de l’Enseignement technique avait été détourné, a refusé de donner l’enveloppe complémentaire d’aide budgétaire à la Guinée.
Face à ces monstrueux scandales, l’opinion s’attendait à une forte réaction du Président Alpha Condé par le limogeage de l’indélicate ministre et la saisine de la justice. Malheureusement ni l’un encore moins l’autre. À l’indignation générale, la ministre de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Emploi, Zenab Nabaya Dramé, accablée de toute part de rocambolesques scandales, a été simplement reconduite par son Président protecteur Alpha Condé lors du remaniement ministériel de janvier 2021.
Ces quelques exemples de gabegies financières et tant d’autres comme celles reprochées à de nombreux hauts cadres flagrantes, méprisantes pour les pauvres populations Guinéennes victimes de la mauvaise gouvernance n’ont jamais fait objet de poursuites et sont restées totalement impunies. Le Parrain, Alpha Condé a pleinement joué sa partition de protecteur des véreux jusqu’au bout contre les intérêts de la Guinée. Il revient aujourd’hui au Président du CNRD, le Colonel mamadi Doumbouya d’instruire les services compétents de la justice afin que lumière soit faite sur toutes la gabegie qu’il a justement su dénoncer et condamner.
Par Ibrahima Diallo